L’association ArchéoJuraSites a pour mission l’étude, la mise en valeur et la préservation du patrimoine archéologique et historique du territoire situé entre les vallées de la Lemme, de la Saine et de l’Ain supérieur et cela dans la continuation des travaux des grands érudits locaux et nationaux qu’ont été, par exemple, Louis-Abel Girardot, René Chambelland et André Berthier. En mentionnant ce dernier nom, on est assez logiquement conduit à évoquer le rôle important qu’a joué, à partir du milieu des années 60, ce grand archiviste-paléographe et aussi archéologue renommé (cf. ses recherches sur Tiddis en Algérie) dans la mise au jour de nombreux vestiges anthropiques sur ce territoire jurassien.
Cherchant à valider sa thèse localisant Alésia sur le plateau de Chaux-des-Crotenay, André Berthier a pu obtenir, entre 1964 et 1992, quelques rares autorisations de fouilles ou de sondages qui ont permis, in fine, de mettre au jour une richesse patrimoniale exceptionnelle, totalement insoupçonnée et encore aujourd’hui largement méconnue des autorités administratives et universitaires. En dépit du contexte fortement contraint des recherches menées à cette époque par André Berthier, les investigations de celui-ci, ont néanmoins permis de recueillir plusieurs plusieurs milliers d’objets (métal, céramique, verre, pierre, os, bois...) sur certains secteurs particuliers des communes de Syam, Crans et Chaux-des-Crotenay.
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Une grande partie de ces objets a pu être conservée jusqu’à aujourd’hui formant ce que l'on désigne par le vocable “Collection du mobilier archéologique André Berthier”.
Dans le contexte de sa mission mentionnée plus haut, ArchéoJuraSites est directement impliquée, pendant plus d'une dizaine d'années depuis 2011, dans la conservation, le traitement, la gestion et la mise en valeur de cette collection du mobilier archéologique Berthier, fonds unique en son genre pour cette zone du territoire du Jura des plateaux considérée pendant longtemps et à tort comme un désert archéologique.
Rappelons d'emblée que plusieurs articles ont été publiés dans le Bulletin de l'association ArchéoJuraSites de façon à faire régulièrement le point sur les travaux relatifs à cette collection de mobilier archéologique.
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Pour sa plus grande part, le mobilier archéologique conservé par ArchéoJuraSites provient des fouilles et sondages réalisés par André Berthier et son équipe dans les années 1970 à 1990. En 2010-2011, la famille d’André Berthier a décidé de confier à ArchéoJuraSites la responsabilité de conserver, faire étudier et connaître, et aussi mettre en valeur l'intégralité de cette collection.
Ce mobilier provient essentiellement des fouilles et sondages autorisés, réalisés par les équipes Berthier pendant quelques semaines d’été chaque année pendant cette période d'une vingtaine d'années. Les investigations concernent 3 lieux précis, limités en superficie et bien distincts :
Ont été aussi conservés par Berthier divers objets recueillis en d’autres endroits du site lors de reconnaissances de terrain et de collectes en surface à Entre-deux-Monts, sous le Rachet, à proximité des murs d'allure cyclopéenne du plateau de Chaux-des-Crotenay,à Pont-de-la-Chaux, en plaine de Syam ou encore aux Gîts de Syam et aux Planches-en-Montagne. |
Il est important de souligner ici le fait qu’un certain nombre de trouvailles faites lors de ces investigations estivales d'André Berthier ne sont pas présentes dans la collection actuellement conservée par ArchéoJuraSites. C’est le cas notamment :
En dépit des autorisations accordées avec grande parcimonie à André Berthier (dont des sondages autorisés comme relevant d'opérations de sauvetage en urgence du fait du remembrement), en dépit aussi du fait que ces investigations n’ont permis de fouiller que quelques centaines de mètres carrés de terrain, la récolte de mobilier archéologique par les équipes Berthier reste impressionnante. Plusieurs milliers d’objets (tessons de céramique, ossements, pièces de métal…) ont été remis par la famille Berthier à ArchéoJuraSites, occupant alors un volume de plusieurs m3 de caisses, cartons et boîtes.
Il s’agit essentiellement :
Il faudrait pouvoir ajouter à cela certains objets en bois qui, malheureusement, n’ont pas été conservés par André Berthier. C’est le cas notamment de pieux en résineux recueillis en 1972 lors des fouilles des cônes du Champ Tissot à la Grange d’Aufferin. Des photos (archives Berthier) attestent de l’existence de ces pieux qui ont aujourd’hui disparu. |
Voir un aperçu d'une sélection d'objets
Jusqu’à une époque récente (début des années 2000), aucun document de synthèse ne semble avoir été produit et/ou conservé permettant d’attester de l’existence de classifications originelles sauf rares exceptions très ponctuelles. Tout au plus dispose-t-on :
Après le décès de son père en décembre 2000, Claire Berthier est chargée par sa famille de mettre en ordre les archives d’André Berthier ainsi que la collection du mobilier archéologique. Sur les conseils d’archéologues du Musée des Antiquités Nationales, elle entreprend l’établissement de l'inventaire général de la collection d'objets mis au jour par son père et ses collaborateurs.
Une première version manuscrite de cet inventaire “systématique” est réalisée sous forme d’un carnet manuscrit disponible dans les Archives Berthier.
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Une nouvelle version, dactylographiée et plus aisément communicable, est produite en 2001 par Claire Berthier, reprise et finalisée en 2003. Les deux versions tapuscrites successives de l'inventaire reprennent à quelques petites différences près le cahier d'inventaire manuscrit et apportent quelques précisions (avis, expertises…).
Les trois versions de l'inventaire (cahier manuscrit et les deux versions tapuscrites) sont accessibles via le Portail des Archives (lien avec la page ad-hoc du Portail : L-2003-03397).
À partir de 2014, ArchéoJuraSites entreprend une opération de récolement systématique de la collection du mobilier archéologique avec le souci de rendre possible la mise en relation des données des inventaires de Claire Berthier avec celles des possibles inventaires antérieurs, comme avec les informations disponibles dans les rapports de fouilles et sondages. Cela a conduit à la réalisation d'une base de données (sous logiciel FileMaker Pro) permettant d'identifier et de décrire quelque 1 200 lots de mobilier (un lot pouvant comporter parfois plusieurs dizaines de tessons de céramique ou de clous ou agrafes métalliques). En parallèle, ArchéoJuraSites a réalisé un relevé photographique intégral des lots d'objets de la collection, corrélé avec la base de données.
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À plusieurs reprises, André Berthier s’est efforcé d’obtenir des avis ou expertises relatifs à certaines de ses trouvailles.
Dès la deuxième moitié des années 60 (premières fouilles autorisées), il a sollicité des experts, notamment des géologues, pour préciser la nature de certaines configurations de terrain (action anthropique ou action naturelle ?). Une expertise a aussi été sollicitée en 1972 auprès du Centre Technique du Bois pour connaître la nature des fragments de pieux du Champ Tissot, qui se sont avérés être des morceaux de résineux.
Au début des années 80, Berthier a sollicité les avis du Musée de Naples et du Musée de Rouen sur la clé romaine trouvée en combe de Crans.
De même les monnaies (antiques et médiévales) ont fait l'objet de sollicitations d'avis d'experts numismates (Dr Colbert de Beaulieu, Élisabeth Rabeisen, Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale).
Pendant toute la décennie 80, alors que les fouilles aux Étangs de Crans permettaient de mettre au jour des milliers de tessons de céramique, les équipes Berthier se sont efforcées de dresser une typologie des trouvailles céramiques, notamment sous la direction de Christophe Méloche, collaborateur de Berthier. Cela a conduit à la publication de plusieurs articles parus dans le Bulletin de l’association A.L.E.S.I.A. précisant l’origine gallo-romaine de la majorité de ces trouvailles.
En 2011, alors que l'intégralité de la collection venait de lui être remise par la famille Berthier, ArchéoJuraSites a décidé de solliciter plusieurs experts pour donner un avis d’ensemble sur le mobilier Berthier. Ces premières expertises globales, (mais des "feuilletages" assez superficiels de la collection, en fait) coordonnées par l'archéologue Jean-René Le Nézet, ont été réalisées par :
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Les rapports de ces expertises constituent une source importante d’information relatives à la description des contenus des boites et sacs (énumération des objets) ; ils se calent sur la classification définie par Claire Berthier pour l'essentiel de la collection.
La partie “céramique” de l'expertise respecte très scrupuleusement l’inventaire Claire Berthier et est très précise sur les contenus (désignation, nombre, nature…).
La partie “métallique” s'est avérée beaucoup moins rigoureuse et de nombreuses erreurs ont été faites par rapport à l'identification et à la classification des objets.
ArchéoJuraSites a précisé dans un article du Bulletin de l’association (Bulletin N°6, octobre 2012) les limites de cette expertise.
L’étude scientifique systématique et approfondie du mobilier archéologique Berthier ne sera réalisée que 10 ans plus tard par la société Archeodunum, avec la possibilité désormais d’exploiter scientifiquement le corpus des archives Berthier (rapports de fouilles et sondages, avis donnés, localisations...) en lien avec la collection de mobilier.
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Dans le cadre d'une Étude de territoire initiée par l’Association de l’Oppidum en partenariat avec ArchéoJuraSites, une convention de coopération entre la société franco-suisse Archeodunum et ArchéoJuraSites a été signée, le 13 octobre 2020, pour l'expertise scientifique du fonds archéologique mis au jour par André Berthier lors de ses investigations de 1974 à 1992. Dans le cadre de cette convention, ArchéoJuraSites mettait à disposition d'Archeodunum l'ensemble des caisses de mobilier. L'association s'engageait par ailleurs à fournir des copies de la base de données et de la photothèque relatives à la collection (comme aussi de la base de données sur les vestiges anthropiques répertoriés par l’association) et à lui donner également accès au Portail des archives Berthier afin de faciliter la contextualisation des artefacts (accès aux rapports de fouille et sondages, notes, plans, expertises partielles, etc.). |
Une première partie de la collection a été transportée à Glux-en-Glenne, chez Archeodunum, en février 2021.
Très vite est apparu nécessaire de reconsidérer le classement, la cotation et le reconditionnement de l’ensemble de la collection afin de gagner en efficacité et en temps dans l'expertise à conduire. Il a donc été décidé, en juin 2021, d’effectuer un reclassement et un reconditionnement de l’intégralité du mobilier si bien qu’un transfert des caisses laissées provisoirement à Chaux-des-Crotenay a été effectué en septembre 2021.
Devant le volume d’artefacts et d'autres objets (ossements...), Archeodunum a vite été conduit à structurer et resserrer son expertise ou plus exactement à différencier les niveaux d'analyse des objets, en adoptant plusieurs cribles, sans pour autant laisser à l'écart le moindre objet.
Il est important de souligner ici le fait que l'expertise à conduire portait sur un fonds clos, avec des objets tirés du sol environ 50 ans plus tôt alors qu'habituellement les experts sont amenés à travailler sur des objets sortis du sol quelques jours ou semaines avant, d'où la nécessité de bien retrouver ou redéfinir les contextes de prélèvement des objets par les équipes Berthier. |
Enfin, à un troisième et dernier niveau, celui de l'expertise approfondie, ont été considérés les artefacts faisant suite à des autorisations officielles de fouille ou sondages, soit douze opérations (OA) pour lesquels les contextes précis de découverte étaient bien déterminés (rapports, documents d'archives...). |
Toute l'étude s'est terminée en septembre 2022 et l'intégralité du mobilier de la collection Berthier est rentrée à Chaux-des-Crotenay le 29 septembre 2022.
D’une grande rigueur scientifique, l’expertise Archeodunum confirme, avec plus de précision (pour quelque 13 486 objets étudiés !...), ce que l’on savait déjà de ce mobilier hétéroclite prélevé pour l'essentiel aux Étangs de Crans, à savoir qu’il est principalement d’époques gallo-romaine et médiévale.
Dans un rapport en deux tomes (de 160 et 530 pages !), l'expertise Archeodunum conduit aux résultats globaux suivants, qui confirment, complètent et aussi parfois infirment les avis des experts de 2011 :
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Le rapport intégral de la société Archeodunum a fait l'objet de présentations publiques et est déposé sur le site HAL d'archives scientifiques ouvertes du CNRS, librement accessible : https://hal.science/hal-03957372
L’expertise de la collection du mobilier archéologique Berthier demandée à la société Archeodunum constitue une avancée importante dans la connaissance scientifique globale de ce corpus hétéroclite. Elle vient parachever un travail de longue haleine réalisé avec ténacité par ArchéoJuraSites pendant plus de 10 ans maintenant.
Disposant de locaux en propre à Chaux-des-Crotenay (Maison d’ArchéoJuraSites), aménagés de façon appropriée grâce à l’aide financière des collectivités départementale et locale, l’association ArchéoJuraSites est en mesure d'assurer dans de bonnes conditions la conservation de la collection du mobilier archéologique Berthier. Cette conservation est désormais facilitée par la démarche de recotation et de reconditionnement du fonds par la société Archeodunum, grâce au financement assuré par l'Association de l'Oppidum et ArchéoJuraSites.
La mise en valeur de la collection est assurée par la présentation de quelques artefacts ayant fait l'objet de l'expertise Archeodunum, dans trois vitrines installées dans l’Espace André Berthier de la Maison d’ArchéoJuraSites. |
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ArchéoJuraSites tient à exprimer formellement sa réprobation des agissements de certaines personnes qui mettent en péril le patrimoine archéologique en procédant à des destructions et pillages de structures (tertres, monuments…) ou en réalisant des prospections sauvages et illégales (notamment en utilisant des détecteurs de métaux). L’association mobilise les responsables des communes concernées pour que soit systématiquement sanctionnés, comme la loi les y autorise, les coupables de tels agissements.
L’appropriation privative de certains objets suite aux pillages de sites ou structures conduit inéluctablement à la disparition définitive des témoignages du passé que constitue le mobilier archéologique. Elle nuit gravement aussi à la réalisation d’études scientifiques systémiques permettant de comprendre ce passé.
Il est toutefois possible que lors de reconnaissances en surface sur les territoires des communes concernées, des personnes puissent découvrir des objets en métal ou en céramique. ArchéoJuraSites les invite vivement à ne pas garder par devers elles ces trouvailles, à les laisser en place, à déclarer leurs découvertes aux instances communales concernées et à en informer les responsables de l’association qui leur donneront les meilleurs conseils pour la déclaration et la conservation des objets trouvés, en liaison avec les autorités archéologiques.
Réglementation de l'archéologie de terrain en France :
http://www.archeodroit.net/html/jdc_regl.html