Le cimetière de Monnet la Ville s’inscrit dans un vaste ensemble d’occupation, en relation avec celui de Crotenay.
Les découvertes effectuées par l’équipe du docteur Claude MERCIER de 1965 à 1968 (dans le cadre d’une autorisation de fouille de sauvetage, délivrée par la Direction des Antiquités Historiques de Franche-Comté) sont exposées au Musée Archéologique de la ville de Champagnole. Elles correspondent à une période d’occupation du Ve siècle au milieu du VIIe siècle.
Ce cimetière, exploré en urgence de 1965 à 1968, sur l'emplacement d'un lotissement en cours, était déjà connu mais n'avait pas donné lieu à des recherches méthodiques.
La fouille de 222 sépultures indique une cohabitation pacifique entre population burgonde et gallo-romaine. L'hospitalité, la romanisation et le respect de l'apport de la culture romaine sont évidents.
Les types de tombes observés sont quelques incinérations et surtout des inhumations. Plusieurs tombes sont signalées par des traces sombres, vestiges des planches formant le bâti du cercueil. Certaines tombes sont entourées de dalles calées par des pierres, d'autres sont ceintes d'un muret.
Le défunt est généralement allongé sur le dos, les pieds à l'est et la tête à l'ouest, parfois relevée. A Monnet-la-Ville, cette orientation n'est pas exactement respectée, elle est fonction du lieu où apparaissait le soleil levant, après avoir été masqué par le relief.
Cette fouille, qui a intéressé 222 sépultures dont 3 incinérations, a montré l'existence d'une population barbare vivant pacifiquement aux côtés de Gallo-Romains au Ve siècle, probablement sous le régime de "l'hospitalité" qui consistait alors à attribuer de la terre du domaine public en contrepartie de travail au profit des maîtres des grands domaines Gallo-Romains.
Il y avait 17 inhumations gallo-romaines, autour desquelles étaient installées les inhumations burgondes qui, plus tard ont réoccupé la partie gallo-romaine du cimetière, mais avec un respect évident des sépultures de cette première époque.
Cela confirme ce que l'on sait d'ailleurs, que les Burgondes étaient très fortement romanisés et que, même après la disparition des Gallo-Romains en tant que classe sociale, ils ont continué à en tenir compte.
La richesse de certaines tombes a permis d'avoir une idée du costume. Les objets de parure sont principalement des colliers de perles d'ambre ou de verroterie et des bagues sigillaires et, bien sûr, des plaques-boucle et plaques de ceinture qui constituent la majeure partie du mobilier funéraire.
Les plus spectaculaires sont indéniablement les grandes garnitures décorées d'argent et de laiton ou celles, rectangulaires, damasquinées (incrustées au marteau de filets d'or, d'argent ou de cuivre sur une surface ciselée), caractéristiques de la parure féminine.
Plus rares sont les fibules et agrafes à double crochet, qui servaient à fermer les vêtements. Mentionnons également des briquets en fer, avec ou sans leur silex et une balance. A noter la découverte exceptionnelle, dans une aumônière, d'une pierre de touche pour tester l'or.
La céramique est peu abondante : il s'agit de vases en pâte grise ou beige, le plus souvent décorés à la molette.
Les armes (épées, scramasaxe, couteaux, pointes de flèches...) ne sont présentes que dans certaines tombes (chefs, élite guerrière). Leur fabrication ingénieuse (alliage, trempage, damasquinage, soudure), sans égale jusqu'au XIXe siècle, contribue à la supériorité barbare.
Les ossements renseignent sur l'aspect physique et la vie des Mérovingiens. Il y a peu de squelettes de personnes âgées : l'espérance de vie ne dépassait guère 45 ans. Dès 25 ans, et même avant, les dents sont usées, limées par une nourriture à base de bouillies de céréales mal moulues. Les caries entraînent parfois des complications mortelles. Les carences alimentaires provoquent arthroses vertébrales, carie, abcès dentaires, alors que fractures et enfoncement de la boîte crânienne semblent issus des violences guerrières.