Extraits de “Notes sur le plateau de Châtelneuf avant le Moyen Âge” (1888). Réédition ArchéoJuraSites 2014 (“Louis-Abel Girardot - 1848-1937 – Un grand savant modeste”).
En 1888, Louis-Abel Girardot publiait le résultat de ses fouilles sur le plateau du Châtelet à Châtelneuf et sur celles des tumuli à incinération de Ménétrux-en-Joux. Il révélait la présence, sur ce territoire, d’une occupation humaine dès la préhistoire avec des traces d’antiquités celtiques ou gallo-romaines remarquablement décrites. Louis-Abel Girardot, né en 1848 à Châtelneuf et décédé en 1937 à Lons-le-Saunier, fut un enseignant, un géologue et un archéologue passionné et brillant. Il a contribué à la description des formations géologiques du Jura. Il a réalisé des observations concernant le Paléolithique, le Néolithique et l’âge du bronze. Il s’est intéressé à l’archéologie, notamment celle du Jura, de la région de Lons-le-Saunier et de sa région natale autour de Châtelneuf. |
ArchéoJuraSites a décidé de publier à nouveau ce texte écrit il y a 125 ans, qui apporte un éclairage exceptionnel sur le territoire en question et qui n’est pas sans lien avec la découverte d’André Berthier et la possible localisation d’Alésia à Chaux-des-Crotenay. Sont présentés ci-après des extraits de l’ouvrage consacrés aux fouilles de Girardot faites au camp retranché de Châtelneuf en 1884, encore désigné “poste romain”.
Lorsqu'on suit le chemin de grande communication de Châtelneuf à Pont-de-la-Chaux, on découvre devant soi un pic rocheux, arrondi, presque entièrement dénudé, qui s'élève à l'extrémité orientale de la montagne boisée dite Sur-le-Lac ou les Grands-Bois. On dirait les ruines d'une tour gigantesque, adossée à la montagne, et surgissant du milieu de la forêt. C'est le Châtelet. Arrivé aux petites combes des Sanges, on voit le Châtelet élever, à 70 m au-dessus du chemin, sa tête chauve, parsemée de quelques maigres buissons.
Le grand chemin passe à l'est et presque au pied et un chemin de desserte de la forêt s'élève en pente rapide, sur une hauteur de 35 m, jusqu'au col qui sépare le Châtelet de la montagne des Grands-Bois. Une fois à ce col, on s'aperçoit que le Châtelet est une sorte de petit plateau boisé, très étroit, allongé du nord au sud et avec son extrémité septentrionale, plus élevée et arrondie. |
Ce plateau, situé à 25 m au-dessus du col, est, sur presque tout son pourtour, d'un abord très difficile, impossible même dans la partie septentrionale. La surface de ce plateau est d'abord assez uniforme. Mais lorsqu'on veut gagner l'extrémité nord, on est surpris de se trouver en face d'une sorte de fossé, suivi d'un talus rapide qu'il faut gravir avec peine, sur 6 m de haut. On arrive alors sur le sommet du Châtelet, sorte de petit plateau, irrégulier, à peu près ovale, au milieu duquel s'élèvent quelques blocs rocheux, et dont le seul côté facilement accessible est celui que précède le fossé. Cette sommité est le Châtelet proprement dit.
Vers 1808, le maire de Châtelneuf, Claude-François Girardot (grand oncle de L.A . Girardot), adressa à la préfecture du Jura, en réponse à un questionnaire, une notice sur cette localité. Entre autres renseignements, il indiquait l'existence d'un retranchement antique sur le Châtelet. J'avais été conduit par mon père, il y a bien longtemps déjà, sur le Châtelet.Il m'y avait fait remarquer un fossé creusé dans le roc, et dont les matériaux, observait-il, avaient été rejetés dans le dessus pour augmenter l'escarpement. Aussi m'étais-je proposé de pratiquer quelques fouilles sur ce point, lorsque la coupe des bois en rendrait l'accès plus facile et permettrait d'en explorer les alentours. Cette coupe a été faite en 1880, mais je n'ai pu m'en occuper qu'en 1884. La Société d'Émulation du Jura ayant bien voulu décider alors l'exécution de ces fouilles et mettre à ma disposition le crédit nécessaire, elles ont été effectuées en août et septembre de cette année.
Un examen attentif du bord supérieur de l'escarpement permit bien vite de reconnaître qu'une sorte de parapet, peu accentué, régnait sur le haut du talus, faisant face au sud, et était accompagné à chaque extrémité d'une aile latérale.
Une première tranchée fut exécutée près de l'angle ouest, dans la face principale de ce parapet . Elle montra bientôt de la manière la plus évidente que l'on avait affaire à un retranchement formé de pierres sèches, assez grosses dans l'origine. Ces matériaux, provenant du calcaire séquanien blanc qui forme le haut de cette montagne, sont gélifs, et ils se sont effrités à la surface ; mais on put fort bien remarquer à l'intérieur, où ils n'étaient pas aussi altérés, leur disposition intentionnelle primitive. Il devint très facile de reconnaître que de gros blocs, qui semblaient faire partie du rocher, vers le milieu du retranchement, y avaient été amenés du dessus du Châtelet ; sur ceux-ci, on avait placé ensuite les matériaux extraits du fossé, en les inclinant vers l'intérieur, de façon à mieux se soutenir. Un foyer, des débris de poterie, des ossements et des objets de fer ont été recueillis dans cette première tranchée.
Ces résultats intéressants engagèrent à exécuter une seconde tranchée, près de l'angle oriental, où l'on obtint à peu près les mêmes résultats et une troisième par le milieu de l'aile occidentale du parapet. Cette dernière permit seulement de constater la construction intentionnelle de cette aile, à l'aide de matériaux de petite dimension. L'aile orientale, peu importante d'ailleurs, est formée en partie d'un banc de rocher en place ; elle n'a pas été fouillée.
Le succès de ces fouilles me détermina à pousser davantage les recherches, en attaquant le retranchement sur toute sa face principale. Mais désirant en laisser le plus possible de vestiges comme témoin, j'ai fait conserver, entre les deux tranchées, le parement extérieur avec son revêtement de débris effrités, et la partie intérieure seule a été fouillée sur toute la longueur, puis remblayée au fur et à mesure du travail. Il est probable que la partie respectée conserve encore quelques débris d'armes et de poteries.
Le fossé fut ensuite attaqué sur différents points, par petites portions ; mais on n'y rencontra aucun objet antique. J'aurais voulu l'explorer davantage, si le manque de temps et la difficulté de se procurer des ouvriers ne m'avaient obligé de m'arrêter aux recherches principales.
L'observation attentive de la surface du plateau en avant du Châtelet et dans celui-ci n'a révélé aucun indice de tumulus ou d'autres points intéressants à fouiller. Les fouilles du Châtelet prouvent que des travaux de défense, composés d'un fossé suivi d'un retranchement y ont été exécutés, du seul côté facilement accessible.
Il est aisé de voir qu'avant l'action de l'Homme, le Châtelet communiquait très commodément avec le reste du petit plateau, situé au sud, par la partie moyenne de sa largeur, à l'emplacement du fossé : la roche se continuait par cette partie, d'une façon presque insensible, montrant seulement quelques petits gradins d'un parcours très facile. Mais sur chaque bord, les blocs de rocher en place qui s'élèvent encore aux extrémités de la face principale du retranchement formaient un gradin plus marqué et d'accès difficile. Pour fermer le passage médian, on a creusé un fossé dont les dimensions sont plus considérables en face de ce passage, et, en même temps, on a garni celui-ci, en arrière du fossé, d'un rempart reliant les blocs rocheux latéraux, et se prolongeant en aile sur les côtés.
En partie comblé par des éboulis tombés du rempart, le fossé semblait devoir se continuer sur toute la largeur du plateau. Les fouilles ont prouvé qu'il n'en est pas ainsi. Il se trouve interrompu, près de chaque extrémité, sur deux points, situés précisément en face d'escarpements rocheux naturels qui ont probablement été rendus plus abrupts. On a ainsi une portion de fossé assez importante à l’est, une partie médiane qui est la plus considérable, et une partie occidentale rudimentaire. D'une extrémité à l'autre du fossé, règne sur le bord extérieur un bourrelet, formant une sorte de glacis, qui en augmente l'escarpement. Une tranchée qui la coupe transversalement ne m'a fourni aucune antiquité. Il semble avoir été formé des débris les plus menus extraits du fossé.
Il semblerait que le fossé ait été commencé simultanément sur les points les plus essentiels et qu'il n'ait pu être achevé à temps. De là, résulteraient l'existence des deux passages conservés et surtout les faibles dimensions du fossé dans le voisinage du dernier.
La face principale du retranchement présente un rempart d'une dizaine de mètres de longueur, qui surmonte le fossé et fait face au sud. Sa crête est à peu près horizontale, à peine plus élevée au milieu ; elle domine de 5 m le bourrelet extérieur du fossé, et se trouve à 8 m au-dessus du fond de celui-ci, dans sa partie moyenne. Cette hauteur était sans doute plus considérable lors de sa construction : la fragmentation, le tassement et l'éboulement des matériaux ont dû, en effet, la diminuer d'une quantité notable, que l'on ne saurait guère évaluer à moins d'un demi-mètre à un mètre. La largeur primitive de la crête ne peut être évaluée avec quelque exactitude. Avant les fouilles, elle était d'environ 3 m.
A l'intérieur du retranchement et tout auprès, le terrain est à peu près d'un mètre au-dessous de la crête actuelle, de sorte qu'il existe ainsi un parapet de même hauteur ; celui-ci aurait eu même de 1,50 à 2 m lors de sa construction. Une grande quantité de matériaux sont accumulés à l'angle ouest, que l'on avait évidemment cherché à fortifier le plus possible : c'était, en effet, la partie la plus faible, puisque sur ce point le fossé était peu profond et interrompu.
L'aile orientale, située à 3 m du bord, n'est pour ainsi dire qu'ébauchée. Elle n'avait d'ailleurs presque aucun objet ; car le Châtelet est très escarpé de ce côté, et l'escalade à peu près impossible.
L'aile occidentale était plus nécessaire. L'abrupt est moins prononcé de ce côté, et l'escalade en est possible, quoique pénible. De plus, cette aile formant parapet protégeait contre des projectiles venant du col, ou plutôt des hauteurs qui font face à ce côté et qui n'en sont probablement pas distantes de plus d'une forte portée de trait. Elle est pourtant bien peu élevée pour rendre de véritables services, sauf dans la partie voisine de l'angle. Là, elle a près d'un mètre, et l'on pourrait admettre qu'à l'origine elle s'élevait de 1,5 à 2 m ; mais à peu de distance elle n'offre plus que 0,5 environ, sur 2 m de large : avant l'effritement elle devait rester au-dessous de 1 m. Comme l'aile orientale, elle est située à une distance de 3 m environ du bord de l'escarpement. Elle paraît avoir été formée de pierres de petite dimension ; les plus grosses ayant été réservées pour la façade méridionale.
Sur toute la longueur de la face principale du retranchement se sont montrées, dans la partie intérieure, les traces d'un vaste foyer, mesurant ainsi 6 m de longueur, sur 0,8 à 1 m de largeur moyenne. Ce foyer a été établi, soit sur la roche en place, soit sur le remplissage, de manière à occuper une surface horizontale. Il s'est partout rencontré à une profondeur variant de 0,6 à 0,8 m, sous les matériaux du parapet, sans jamais se continuer à travers celui-ci jusqu'à la face extérieure. De la sorte, il en reste toujours à ce niveau une largeur d'environ 1,5 à 2 m qui ne présente pas de traces du foyer. Par contre, c'est dans cette partie externe du parapet, représentant sans doute son épaisseur primitive, que se rencontrent surtout les débris de poteries, les os, et la plupart des objets de métal.
En outre des charbons et des os à demi brûlés qui s'y rencontrent, le foyer présente une couche presque uniforme de 6 à 8 cm de chaux, résultant de la calcination du calcaire, mais recombinée, depuis lors, avec l'acide carbonique : on dirait une couche de mortier, qui agglutine des charbons et des os calcinés, quelques fragments de poterie et des pierres. Mais il se présente un fait singulier. Les pierres qui ont supporté le foyer, et qui étaient la plupart assez grosses, sont bien calcinées plus ou moins profondément. Un grand nombre d'échantillons, pris sur différents points du foyer, ont ordinairement montré du charbon à la partie inférieure de la chaux, puis, dans la partie supérieure, des fragments peu volumineux de calcaire plus ou moins complètement calciné. Il est évident, d'après cela, que sur un foyer incandescent, établi en même temps sur toute la longueur du parapet et au contact de celui-ci, des pierres, probablement de petite dimension, ont été projetées en assez grande quantité, comme pour l'éteindre à la hâte. Toutefois, la plus grande partie des matériaux accumulés au-dessus du foyer semble provenir de l'effritement et de l'éboulement de la partie supérieure du parapet.
Du côté de l'est, sur un espace peu considérable, le foyer s'étendait en arrière du foyer à chaux : ici, c'étaient plutôt des cendres, avec quelques charbons et quelques pierres calcinées, que de la chaux. Une petite pointe de flèche s'est trouvée dans cette partie du foyer, ainsi qu'une demi-douzaine de clous plats, très minces. Évidemment, on a brûlé ici des plaquettes de bois dans lesquelles étaient plantés ces clous. On rencontre d'ailleurs, sur divers points voisins du grand foyer, des plaquettes de charbon qui semblent provenir de la combustion incomplète de planchettes de sapin.
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Une centaine de fragments de poteries ont été recueillis, quelques-uns dans le foyer, d'autres, et surtout les plus grands morceaux, dans l'intérieur du parapet, à peu près au niveau du foyer. Il semblerait que la plupart de ces vases ont été brisés pendant l'exécution des travaux de défense. Ces poteries ont généralement été faites au tour ; une seule semble faire exception. Une partie des débris annonce une exécution assez soignée, bien que les formes soient peu élégantes ; du moins la pâte a été travaillée convenablement, et elle a subi une cuisson suffisante. Les poteries recueillies dans le retranchement du Châtelet appartiennent à une époque assez reculée et remontent certainement au-delà du Moyen Âge.
Les débris recueillis appartiennent à une dizaine de vases de formes diverses.
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Les ossements se trouvent, comme les poteries, au niveau du foyer, soit dans ce dernier, et alors ils sont plus ou moins calcinés, soit surtout en dehors de celui-ci, dans le parapet. La plupart sont fragmentés. Une soixantaine de fragments ou d'os entiers ont été recueillis, ainsi que plusieurs dents. Le boeuf (jeune), le cerf, le porc ou le sanglier adulte y sont représentés, ainsi qu'un autre mammifère, de petite taille, qui paraît être le blaireau, et en outre la poule.
J'indique avec quelque doute sous cette dénomination un caillou siliceux, trouvé dans la région du foyer. C'est un morceau d'une chaille siliceuse du nord de la Franche-Comté, de forme ovoïde aplatie, et d'environ 0,15 m de plus grand diamètre, qui aurait été partagée en quatre par un choc intentionnel. Aucune pierre siliceuse de cette nature ne se trouve en place dans le pays, et je n'y ai jamais rencontré de ces chailles parmi les erratiques. De plus, le sommet du Châtelet est dépourvu de terrain de transport. Le pourtour de ce fragment n'offre pas de traces de percussion, sauf peut-être dans la partie correspondante au milieu de la chaille ; mais, sur l'une des faces de cassure, on observe la trace du choc d'un corps tranchant ; en outre, il s'y trouve deux lignes en chevron qui figurent un V très net, et qui ne sont évidemment pas dues à une cause naturelle. Quoi qu'il en soit, la présence de ce caillou sur ce point et le choc intentionnel qui a dû le façonner ne peuvent laisser de doute sur son emploi par l'homme à une époque reculée.
En rapprochant de la présence de ce caillou, celle des rares fragments de poterie d'apparence celtique, indiqués ci-devant, on est amené à penser que le pic du Châtelet a probablement été fréquenté à une époque notablement antérieure à l'établissement de la castramétation.
Le Châtelet de Châtelneuf offre incontestablement des travaux de fortification, composés d'un rempart, surmonté d'un parapet, et précédé d'un fossé creusé dans le roc, de façon à former le seul passage accessible. Comme l'indique son nom, c'est un véritable castellum, avec son agger, bordé d'un vallum de pierres sèches, son fossé et sa contrescarpe. Le creusement dans le roc d'un assez large fossé distingue ce retranchement des fortifications d'un simple campement passager.
Les caractères de la poterie, des armes et autres objets recueillis, joints à la disposition du retranchement, font remonter ces fortifications à une époque reculée. Ils permettent parfaitement de les attribuer à la période gallo-romaine, ainsi que l'avaient fait MM. Rousset et Moreau, guidés seulement par le nom local. Il est d'ailleurs très probable que l'homme a fréquenté ce point longtemps auparavant.
La position du Châtelet permettait une défense facile. Toutefois, il n'existe aucune source, ni dans son intérieur ni dans son voisinage immédiat. Les plus rapprochées sont celles des Grands-Marais, à plusieurs centaines de mètres de distance. C'était une situation bien défectueuse dans le cas d'une attaque prolongée. La présence de restes d'armes à pointe émoussée, perdus dans les pierres du rempart, montre que ce castellum fut le théâtre d'une lutte, au sujet de laquelle l'histoire reste muette. Les données qui précèdent sont trop incomplètes pour permettre de préciser l’époque de l'érection de ce retranchement, non plus que pour déterminer quels en furent les auteurs, et quels combattants s'y rencontrèrent.
On peut se demander si le vaste foyer qui bordait la face principale du parapet ne fut point allumé pour fermer le passage à l'assaillant par un rideau de flammes, ou pour faciliter la fuite des défenseurs. Le point semble mal choisi soit pour un simple foyer de cuisine, qui n'offrirait pas d'ailleurs les caractères observés, soit pour l'un de ces feux destinés à servir de signal. Peut-être a-t-on pratiqué, à la hâte, en cet endroit l'incinération du corps de quelque combattant ? Cela pourrait expliquer l'accumulation des pierres, jetées aussitôt sur le foyer incandescent et transformées partiellement en chaux.
La présence de ce castellum et les faits d'armes dont il fut le théâtre montrent que la partie du plateau de Châtelneuf voisine du Grandvaux était fréquentée à une époque reculée. On est, de plus, amené à penser que si un tel point, perdu en quelque sorte dans ces montagnes couvertes de forêts, a été l'objet d'un semblable travail, c'est qu'il se trouvait sur l'une des voies de communication suivies alors pour la traversée du Jura. Le vaste horizon que l'on découvre du Châtelet, joint à sa forte situation, l'aurait fait choisir pour l’érection d'un poste temporaire de surveillance de cette voie.